Les anti-éoliennes portés par Stéphane Bern
La rhétorique des anti-éoliennes a apparemment trouvé un nouveau porte-voix en la personne de Stéphane Bern. Dans sa tribune publiée sur le site du Figaro le 30 mai dernier, il précise en effet que « les éoliennes fonctionnent seulement 25% du temps et nécessitent l'aide de centrales à charbon, qui rouvrent notamment en Allemagne. » La réponse de Barbara Pompili ne s’est pas fait attendre. Retour sur une petite tempête médiatique.
Les arguments des anti-éoliennes
Fervent défenseur du patrimoine architectural français, Stéphane Bern a bien résumé, à sa manière, les arguments des adversaires de l’énergie éolienne. On peut les lister ainsi :
- les éoliennes ne fonctionnent qu’à quart temps ;
- elles sont dépendantes du charbon, une énergie fossile ;
- leur implantation serait à la fois abusive et anarchique ;
- elles polluent la nature ;
- elles mettent la faune et la biodiversité en danger ;
- elles défigurent le paysage ;
- l’énergie éolienne est poussée par de puissants lobbies.
Conclusion de l’animateur, « l’énergie éolienne n’est en rien écologique et renouvelable. »
Le facteur de charge utilisé par les anti-éoliennes
Sur l’argument classique des antis, qui pointe du doigt la sous-productivité des éoliennes, l’Ademe répond, qu’en pratique, les éoliennes tournent entre 75% et 95%. Engie confirme cette moyenne avec le chiffre de 80%. Comment peut-on alors expliquer l’écart entre ces chiffres et les 25% reprochés ?
C’est en fait le « facteur de charge » qui fausse la donne entre les deux parties, dans le procès des éoliennes. Il définit le rapport entre la production effective d’une éolienne et sa production théorique optimale sur la même période. Les fameux 25% évoqués par Stéphane Bern correspond en réalité au rapport entre :
- ce que pourrait produire une éolienne si elle fonctionnait en continu et au maximum de sa capacité ;
- ce qu’elle produit réellement, soit 25,7% pour être précis.
En réalité, les éoliennes tant décriées fonctionnent bien durant la majeure partie du temps durant l’année, mais pas au maximum de leur potentiel.
Qu’est-ce qui freine l’activité des éoliennes ?
- la sécurité : autrement dit, le principe de précaution qui impose l’arrêt des éoliennes quand le vent souffle à plus de 90 km/h selon EDF.
Sur ce point, l’Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) précise que cette occurrence est plutôt rare et ne dépasse pas dix jours par an en moyenne.
- la maintenance : les opérations d’entretien et de réparations sont inhérentes au bon fonctionnement des éoliennes. Mais toujours selon l’Ademe, elles ne représentent qu’une poignée de jours dans l’année.
La réponse de la ministre
Barbara Pompili regrette « l'hystérisation » de ce débat autour des éoliennes, d’autant plus que les Français y sont plutôt favorables. La tribune de Stéphane Bern a en effet emporté le soutien de politiques et participe selon elle à desservir la cause des défenseurs du patrimoine. De plus, elle dénonce de fausses affirmations qui contredisent les données objectives fournies par EDF et Engie.
Elle reconnaît toutefois le désordre, la rapidité et le manque de concertation qui ont pu caractériser l’installation des éoliennes. D’ailleurs, elle compte justement « remettre un peu d'ordre dans tout ça ».
Dans cette bataille qui l’oppose à Stéphane Bern, ce dernier n’a pas hésité à évoquer les termes d’« écocide », ou de « diktat éolien ». Si la ministre dit entendre et comprendre les inquiétudes, elle ne se prive pas d’un petit tacle en retour en rétorquant « Dire que les éoliennes ne sont pas renouvelables c'est comme dire que la terre est plate ».
Un partout – Balle au centre ?